Association Bordelaise des Utilisateurs de Logiciels libres
Colloque en Côte d’Ivoire
Nous étions trois membres de l’ABUL à avoir participé en tant qu’intervenants à un colloque et à une émission de télévision à Abidjan en novembre 2003.
Ce colloque était organisé par l’Association Ivoirienne pour Linux et les Logiciels Libres AI3L. Cette association ne comporte pas moins de 600 membres !
Pour cela l’AI3L avait reçu l’appui de l’INTIF et de la très belle université de Cocody qui nous accueillait.
Le voyage
Nous étions cinq à venir de France, Eric Seigne et moi-même avons voyagé ensemble depuis Bordeaux. À Roissy, nous avons retrouvé Cédric Blancher, le spécialiste de la sécurité. Pierre Ouedraogo (INTIF) et Loïc Dachary (FSF) nous ont rejoint le lendemain. Nous étions donc trois membres de l’’ABUL engagés dans cette mission.
Le premier événement notable fut l’arrivée à Abidjan, Cédric Blancher, ayant dû organiser son voyage très rapidement n’avait pas eu le temps d’obtenir son visa. Ce fut pour lui l’occasion de tester le service de sécurité de l’aéroport qui fut d’une efficacité parfaite. Didier Kla, le président de l’AI3L fit appel à ses relations afin d’éviter que Cédric ne soit refoulé. Un officier est venu dire à Cédric : « vos bagages sont dans l’avion, mais il va falloir les récupérer car il n’y a plus de place, on vous renvoie donc par bateau ». Cédric se demandait dans quel port il arriverait quand il aperçut Didier et le chef de cabinet du ministre venu débloquer la situation. Cédric a donc pu tester la sécurité de l’aéroport d’Abidjan vérifier qu’elle était parfaitement au point.
L’émission de télévision
Le deuxième événement fut l’enregistrement d’une émission de télévision. Nous nous étions entretenus avec le producteur et son équipe le samedi, le dimanche matin nous avons eu encore une séance de préparation et nous avons déjeuné ensemble. Enfin, vers 16 heures, nous avons commencé l’enregistrement. Cette émission « Challenges » est diffusée sur la première chaîne de télévision, à une heure de grande écoute et est très suivie par tous ceux qui sont concernés par l’avenir de la Côte d’Ivoire. Elle dure une heure et demi. Ce n’était pas un débat contradictoire, nous étions tous d’accord sur les objectifs et chacun a expliqué avec son point de vue comment et pourquoi les logiciels libres étaient la seule voie de développement possible. Nous avons tous eu une cassette vidéo de l’émission. Voir Linufr
Le colloque
Ensuite, ce fut le colloque à l’Université d’Abidjan Cocody. Très réussi, pas tellement en raison du nombre de participants, mais de leur qualité. Nous avons même eu la visite surprise d’un des chefs des armées venu spontanément nous expliquer son soutien aux logiciels libres.
Chacun est intervenu dans son domaine, Eric à propos de l’enseignement, Cédric a parlé sécurité, Pierre Ouedraogo, développement, Loïc, droit et législation et je me suis retrouvé chargé du monde de l’entreprise et des stratégies de migration. Ensuite, il a fallu que je remplace au pied levé un intervenant sur les logiciels libres pour l’administration et les collectivités. Grâce aux documents informatiques que j’avais emporté, j’ai pu bâtir une présentation dans la soirée. Pierre Ouedraogo a bien voulu m’aider car je ne connaissais pas les spécificités africaines.
Nous avons été aussi été invités à dîner chez madame et monsieur Monet, respectivement directeur de la francophonie et ministre qui nous ont fait apprécier le cérémonial de réception africain. Madame Monet, par sa fonction était le soutien officiel du colloque.
Les étudiants
Pour moi, qui fut le dernier à repartir, il me restait encore des tâches à accomplir.
Tout d’abord des étudiants de l’école d’ingénieurs ENSIT sont venus me demander de faire une conférence dans leur école. Ils ont eu droit à ma conférence habituelle de sensibilisation aux enjeux du logiciel libre puis à une deuxième beaucoup plus pointue sur la façon de gérer des systèmes d’information complexes. C’était la première fois que je m’exerçais à cette présentation que j’ai donc créé à cette occasion. Lors des questions, il fut question des techniques de migration. J’ai donc repris une bonne partie d’une des présentations du colloque. Ils étaient environ deux cents à m’écouter, presque tous en chemise blanche et cravate. Il y avait parmi eux des directeurs d’écoles supérieures et des décideurs, je me souviens par exemple qu’il y avait un directeur de la caisse d’assurance maladie. J’ai vraiment eu l’impression que les personnes présentes ont parfaitement bien reçu mes propos.
J’avais aussi une autre tâche à accomplir. Je voulais lancer un projet de test des connaissances pouvant déboucher sur un programme de certification. Cinq étudiants s’étaient portés volontaires. La surprise a été de trouver non pas cinq étudiants, mais dix, puis quinze et maintenant vingt cinq personnes décidées de montrer ce qu’elles savaient faire. Du coup, j’ai ressorti deux autres projets que je leur ai exposé. Un coordinateur local Charles Kouamé a été nommé car il n’est pas possible de suivre à distance des projets avec des liaisons aussi peu performantes que celles dont ils disposent. Au dernière nouvelles, ils ont retenu les deux projets les plus ambitieux. Le deuxième est un logiciel de gestion de projet et de travail en groupe original, remettant en cause bien des façons traditionnelles de concevoir l’entreprise.
Conclusion
C’était la première fois que je posais les pieds sur une terre africaine. C’était justement dans le pays dont était originaire un ami d’enfance. Il m’avait souvent parlé de la lagune Ebrié, de Cocody... et ce fut pour moi l’occasion de leur associer des images. Ce sera pour moi un souvenir inoubliable. Nous avons été reçus comme des rois. Comme a dit Cédric, l’hospitalité africaine est légendaire, mais ce n’est pas une légende. Eux-même ont été touchés par le fait que nous leur ayons apporté notre soutien alors que leur pays est encore en guerre. Nous devons tous remercier tous nos amis de l’AI3L et l’INTIF pour ce voyage inoubliable.